Les Ordres
Les Ordres de Sagesse du Rite français s’inscrivent dans la continuité du grade de maître et n’en sont que le développement22. Bâtie autour de la légende d’Hiram, architecte de la construction du temple de Salomon et des circonstances de sa mort, ils proposent pour les deux premiers ordres, une réponse aux questions que le grade de maître laisse en suspens. Le troisième ordre, évoque la reconstruction du temple détruit, bien après la mort du Roi Salomon et se place dans la tradition des grades chevaleresques qui commence en 1738, avec le discours du Chevalier de Ramsay. Celui-ci faisant descendre les maçons des croisades et des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, s’éloignant de la tradition opérative23. Le quatrième et dernier ordre, également chevaleresque, se déploie autour d’une « Parole » nouvelle et d’une construction spirituelle et intérieure, plutôt que matérielle. Le cursus initiatique du Rite français au xviiie siècle, place sa quintessence et sa finalité dans le ive Ordre. Le ve Ordre, quant à lui, décrit dans les statuts généraux du Grand Chapitre général en 1784, forme un conservatoire administratif de tous les grades et de tous les systèmes maçonniques en vigueur à cette époque, qui représentent un ensemble de 81 grades24.
Le Régulateur des Chevaliers Maçons publié en 1801 décrit l’organisation des lieux et des décors dans les pages d’ouverture du rituel de chaque ordre, ainsi que celle du « tableau de loge » propre à chaque ordre. Il est précisé que « celui-ci sera tracé à la craie sur le plancher et effacé chaque fois »
Élu secret
La codification de cet ordre est actée par le Grand Chapitre général les 24 et 25 avril 17843. Le grade d’Élu secret est vraisemblablement l’un des plus anciens « hauts grades », il apparaît vers 1740. Son antériorité a contribué à la création de nombreuses versions successives, tel : « l’Élu des 9 » ou encore « l’Élu des 15 », « Élu de Pérignan », etc. Si son lieu de naissance n’a toujours pas été confirmé par les historiens, on trouve malgré tout dans les plus anciennes traditions des clans d’Écosse des insignes datant du xvie siècle portant « une main levée armée d’un poignard » assortie d’une devise : « Vincere Aut Mori »26.
Cet ordre est la synthèse de tous les grades d’élus dont les 9e au 10e du Rite de perfection, mais aussi de ceux, qui ne sont plus pratiqués27. Souvent appelé « grade de vengeance », car il concrétise la volonté de Salomon de châtier les assassins de maître Hiram27, cet ordre écarte ce qui peut passer pour excessif dans ses effets pour être une synthèse « raisonnable » de tous les grades d’Élus dont il est l’héritier28
Le tableau de loge
Il est décrit de la façon suivante dans le Régulateur des Chevaliers Maçons : « Il représente en haut l’Étoile du Matin entre huit autres moindres. Au milieu une grande caverne. Dans l’intérieur une lampe posée sur un rocher ; du côté du midi, un bras droit retroussé frappant d’un poignard. Au-dessous, un chien en quête prêt à entrer dans la caverne. Au septentrion, une source d’eau jaillissant d’entre deux rochers ; à l’occident, un escalier rapide, taillé dans le roc et descendant à la caverne. Le fond est noir et l’encadrement rouge29 ».